Connectez-vous S'inscrire
AGENCE CENTRAFRIQUE DE PRESSE "AGENCE DE L'UNITE NATIONALE"- République Centrafricaine, Bangui
Inscription à la newsletter
acapnews@gmail.com
Plus d'informations sur cette page : http://https://www.acap.cf/
AGENCE CENTRAFRICAINE DE PRESSE
 
     

Quel avenir pour l'école centrafricaine dans l'espace francophone?

Le système éducatif centrafricain traverse depuis plus de deux décennies une crise importante. Non seulement à cause des multiples grèves des enseignants qui paralysent chaque année les cours, mais aussi par un certain nombre de phénomènes qui s’instaurent de jour en jour dans les établissements secondaires.



L’un de ces phénomènes est connu sous la désignation de « doléances », par les enseignants.
Familièrement appelées « cas pourris », les doléances dont il s’agit ici sont des cas d’inscription qu’il conviendrait de qualifier d’irrégulières. Car, un élève a repris sa classe cette année, le voilà en classe supérieure l’année prochaine. Un autre a été exclu pour insuffisance de travail, le voilà en classe supérieure l’année suivante. Tout le monde se fait inscrire dans la classe de sa préférence. On vole d’établissement en établissement pour avancer sans échec. Il suffit d’avoir de l’argent pour passer de la classe de 5ème à la classe de 3ème, par exemple. M. Salvador, professeur de Français dans un établissement de Bangui témoigne avoir connu une fille qui après un « succès douteux » au Brevet des collèges (Bc) au lycée de Gobongo, s’est faite inscrire en classe de 1ère au lycée Marie Jeanne Caron.

Résultat : de nombreux élèves écrivent à la mille-pattes, de sorte qu’ils sont illisibles et il devient de plus en plus rare de trouver, aujourd’hui, un élève de terminale capable de construire une phrase correcte en français, langue dans laquelle sont scolarisés les enfants de Centrafrique.

La journée internationale de la Francophonie arrive à point nommé pour susciter une réflexion sur cette situation préoccupante qui conduit à s’interroger sur la place de la jeunesse centrafricaine dans l’espace francophone au sein duquel les identités culturelles sont appelées à s’exprimer et à se défendre en Français.

Sur l’origine de cette crise, toutes les personnes interrogées affirment que les responsabilités sont partagées entre les élèves et leurs parents, les chefs d’établissements et leur personnel et enfin l’Etat.
« Compte tenu du temps qui passe et des multiples grèves qui freinent les cours, je suis obligé de faire avancer mes enfants. À tort ou à raison peut-être, mais il faut faire avec», a confié un parent d’élève à l’ACAP. C’est dire que les parents, par naïveté ou simplement par affection, acceptent volontiers de propulser leurs enfants sans en mesurer les conséquences néfastes.
D’aucuns attribuent la plus grande part de responsabilité aux chefs d’établissements. Car pour ces derniers, c’est l’intérêt qui prime. « Les chefs d’établissements sont ceux qui profitent en premier lieu de « ces cas pourris » pour se remplir les poches », explique un enseignant. « Chaque année, ils inscrivent des milliers d’élèves, ils se font ainsi de l’argent sans se soucier de la capacité d’accueil de leur établissement. De sorte qu’on assiste à une saturation des salles de classe ou même à un engorgement comme diraient les démographes », explique M. Kazonghot, un ancien enseignant vacataire. Mais les censeurs, les surveillants généraux ne sont pas en reste. Ils ont un quota d’inscription chaque année, ainsi que le personnel enseignant. Le quota varie d’un établissement à l’autre. Parfois c’est trois, parfois c’est cinq, selon la bonne volonté du proviseur, ajoute-t-il.
« Je connais personnellement cette malheureuse situation, pour avoir été enseignant à une période de ma vie », regrette M. Kazonghot. Quand on sait que les fonctionnaires centrafricains, en général et les enseignants, en particulier n’ont pas bénéficié d’une augmentation de salaire depuis des années, et surtout que le fonctionnaire centrafricain vit au rythme des arriérés de salaires, il n’y a pas autre solution que d’accepter ces offres providentielles qui leur permettent d’avoir 10 000 Fcfa ou 15 000Fcfa par inscrit. Même s’ils savent que ce n’est pas une bonne pratique. C’est ainsi que souvent, ce sont les enseignants eux-mêmes qui vont chercher les « clients », à la veille de la rentrée scolaire.
Plus grave encore, la plupart des enseignants du secondaire au niveau de la capitale « dont les indemnités sont versées souvent deux ans après la prestation, après mille et une démarches », déplore un enseignant vacataire. Face aux difficultés existentielles, les cas de doléances apparaissent comme une panacée pour tous.

Parents, élèves et enseignants s’accordent pour dire que la plus grande part de responsabilité dans cette grave dégradation du système éducatif centrafricain incombe à l’Etat.
Parce que « de toutes les manières et partout dans le monde, l’Etat est le premier garant de l’éducation et de la formation des jeunes. Pour cela, il est appelé à réunir toutes les conditions et élaborer une politique cohérente en matière d’éducation », explique un parent d’élève. Mais force est de constater que l’école centrafricaine souffre de beaucoup d’insuffisances tant matériels, techniques que financières. Le fait pour l’Etat de ne pas payer régulièrement les salaires contribue à l’appauvrissement de l’enseignant, qui, au nom de la survie, se tourne vers les élèves et leurs parents, ce qui engendre la corruption du système.

Il est nécessaire que le principe de l’éducation pour tous soit appliqué, mais dans la transparence et la logique. C’est-à-dire que les inscriptions devraient se faire sur présentation du bulletin de notes de l’année précédente pour éviter la détérioration du système. Car de toutes ces pratiques, c’est l’avenir qui est engagé pour le pays et pour cette jeunesse à qui « on ne doit pas tourner le dos ».
Si le système éducatif n’est pas réformé, si les tares ne sont pas corrigées, il est à craindre que les objectifs du millénaire pour le développement en matière d’éducation ne soient pas atteints en 2015 et que la plupart des futurs cadres de la République Centrafricaine éprouvent beaucoup de difficultés à assurer la relève.



Jeudi 20 Mars 2008
J. Soupou/ACAP

POLITIQUE | ECONOMIE | SOCIAL | CULTURE | SPORTS | ENVIRONNEMENT | EDUCATION | DEVELOPPEMENT | SOCIETE | RELIGION | INTERNATIONAL | AFRIQUE | HUMEUR | GRANDE INTERVIEW | HUMANITAIRE | DROITS DE L'HOMME | MEDIAS | SECURITE | JUSTICE | SANTE | Videos



Les nouvelles officielles sur la République Centrafricaine

Partagez-nous sur
Facebook
Newsletter
Viadeo
Mobile
Flickr