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AGENCE CENTRAFRIQUE DE PRESSE "AGENCE DE L'UNITE NATIONALE"- République Centrafricaine, Bangui
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AGENCE CENTRAFRICAINE DE PRESSE
 
     

DÉCLARATION de la délégation centrafricaine reçue par le Pape François présentée par Mr Godefroy W. MOKAMANEDE



Son Éminence le Cardinal FILONI, Préfet du Dicastère missionnaire


Au nom de tous mes frères et sœurs laïcs ici réunis je voudrais, tout d’abord, présenter notre profonde gratitude et nos sincères remerciements à sa Sainteté le Pape François pour avoir remis, ce samedi 29 Juin 2013, le Pallium à notre Archevêque Dieudonné NZAPALAINGA et pour avoir, au cours de l’Angelus de ce même jour, prié pour notre pays la République Centrafricaine.

 

Merci à vous Eminence qui, malgré un emploi du temps chargé dû à vos lourdes charges, aviez bien voulu nous accorder la présente audience afin que nous puissions échanger sur la situation combien grave que traverse notre pays.


Oui Eminence, ce pays que vous aviez eu l’honneur de visiter il ya à peine un an, se meurt en ce moment ; il se meurt dans un silence si lourd que l’on est en droit de s’interroger sur cette totale indifférence de la communauté internationale. 


En effet depuis le 24 Mars 2013, alors que l’Eglise universelle célébrait dans la joie le dimanche des Rameaux, la République Centrafricaine aura, quant à elle, renoué encore avec ses vieux démons qui, toutes les décennies, s’emparent de son histoire et qui ont pour nom Coups d’Etat.


Phénomène devenu redondant du fait de la mauvaise gouvernance de tous les régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat depuis ces vingt dernières années. 


La coalition Séleka, qui veut dire alliance en Sango, la langue nationale, renversait le régime du Président Bozizé en s’accaparant du pouvoir de l’Etat.


Mais plus de trois mois de « règne », par les tenants du pouvoir, la population centrafricaine continue de vivre l’un des moments les plus douloureux et les plus cauchemardesques de son histoire.

 

Comme l’ont relevé si bien les Evêques de Centrafrique lors de leur dernière conférence épiscopale : « Du jamais vu ; voilà les mots qui disent le sentiment général du peuple face au déferlement des éléments de la Séléka. »

 

A ce niveau, il convient de préciser que la Séléka est un conglomérat de divers groupes armés hostiles au régime du Président déchu, dont les principales revendications tenaient à des engagements non honorés par ce dernier.


En plus de quelques combattants originaires du Nord-Est de la RCA, de nombreux Soudanais et Tchadiens ont rejoint la Séléka en espérant recueillir des retombées financières.


Outre ces éléments combattants, de nombreux jeunes et même des enfants, des repris de justice, des condamnés à des peines de prison sont venus grossir les rangs de la Séléka.


Il convient de rappeler que c’est le 10 Décembre 2012, que la Séléka s’était emparée d’une importante cité dans le nord du pays et deux semaines plus tard plusieurs villes du Nord et du Centre tombèrent dans ses mains.


Afin de mettre fin au conflit avec la Séléka, des pourparlers de paix se sont tenus sous l’égide des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté Economique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et ont abouti à la signature des Accords de Libreville.

Force est malheureusement de constater que les deux parties ont fait fi des dispositions de ces Accords et la force des armes a repris le dessus aboutissant ainsi au coup d’Etat du 24 Mars 2013.


Depuis cette date, les mots manquent pour décrire l’enfer dans lequel vit le peuple centrafricain.

Eminence Mr Le Cardinal, nous ne nous limiterons là qu’à une liste assez exhaustive :

1. Sur le plan social


A ce jour on n’a pas fini de dresser le bilan les assassinats, les viols, les pillages, les villages incendiés.


La plupart des centres de santé et des établissements scolaires ont été pillés sur toute l’étendue du territoire faisant courir le risque d’une année blanche.


Le tissu social a été complètement déchiré. Le peuple est soumis à un énorme traumatisme dont les conséquences sont manifestes dans les cas de suicides et de dépressions.


Les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat ne sont pas payés depuis trois mois. Les conséquences sont si graves que depuis samedi dernier la population a instauré un concert quotidien de casseroles pour signifier aux autorités qu’elle a faim et a besoin de la paix.



2. Sur le plan économique


Jamais une crise n’avait engendré une destruction aussi systématique de ce qui restait du faible tissu industriel et économique du pays.


De nombreuses sociétés et entreprises ont été pillées ce qui a, pour conséquence immédiate, un taux de chômage jamais égalé.



3. Sur le plan politico-administratif


Avec obstination les combattants de la coalition SELEKA ont détruit les archives de l’administration publique et des collectivités locales.


L’autorité de l’Etat est mise en question par des groupes armés qui ont établi une administration parallèle aussi bien à Bangui que dans les différentes localités de l’arrière-pays, levant les impôts, percevant les taxes et liquidant les droits de douanes, toutes ressources qui ne seront jamais pas reversées au Trésor Public.

4. Sur le plan sécuritaire et militaire


L’armée nationale et républicaine a cédé le pas à un agrégat de factions en mal de cohésion, manquant d’éthique et de déontologie professionnelles.

 
Par ailleurs les mercenaires exigent encore d’être payés alors qu’ils se sont livrés à une véritable razzia depuis trois mois. 


Ces éléments de SELEKA, pour la plupart des Tchadiens et des Soudanais, peuvent impunément tuer, violer, piller, saccager, incendier des maisons, des greniers, des villages entiers. 


C’est ainsi que le jeudi dernier, un étudiant a été enlevé en plein cours par les éléments de la Séléka qui l’ont abattu le lendemain, ce qui a entraîné l’ire des jeunes de son quartier qui ont érigé des barricades et brûler des pneus sur la chaussée.


La descente des éléments de la Séléka a entraîné une véritable confrontation qui a dégénéré dans toute la ville et dont le bilan officiel fait état de 7 morts et 25 blessés. 

6. Sur le plan religieux et culturel


L’ardeur et la détermination avec lesquelles les éléments de SELEKA ont profané des lieux de culte chrétien et se sont pris de manière ciblée aux biens des chrétiens, ont ébranlé les fondements de notre cohésion sociale. 


La plupart des paroisses sur toute l’étendue du territoire ont été visitées, souvent pillées et saccagées.


Plus d’une centaine de véhicules appartenant à l’Eglise catholique ont été emportées sans compter des sommes d’argent et du matériel tant de bureaucratique que domestique.

Eminence devant cette litanie de malheurs, l’Eglise catholique centrafricaine a tenu la dragée haute.


A son initiative, une plateforme interreligieuse regroupant, au niveau de la Coordination, le Président de la Communauté Islamique, le Président des Eglises Evangéliques ainsi que l’Archevêque de Bangui a été mise en place.


C’est ainsi qu’au plus fort de la crise et avant que la Seléka ne rentre à Bangui, ces trois personnalités religieuses ont sillonné toutes les zones occupées par les rebelles pour non seulement faire un état des lieux mais aussi exhorter les belligérants à déposer les armes et compatir avec les populations victimes des différentes exactions.
L’Archevêque de Bangui a pris part à tout le processus de négociation/ médiation tant à Bangui qu’à l’extérieur de la RCA.


Après l’entrée de la Séléka, le 24 Mars 2013 dans la ville de Bangui, et suite à toutes les exactions, de nombreux Banguissois ont dû se refugier dans les paroisses, les écoles, les centres de santé.


Face à ce drame, l’Archevêque a initié immédiatement un grand programme de distribution de vivres à tous ses déplacés en relation avec la Caritas ainsi que des mouvements et fraternités de la communauté chrétienne.


Les Evêques de Centrafrique ont, à la fin de leur conférence épiscopale, adressé un Message aussi bien au peuple chrétien de Centrafrique qu’au Chef de l’Etat, message qui a connu un écho retentissant.



Eminence Mr Le Cardinal FILONI, L’Eglise Catholique Centrafricaine est et demeure la seule voix des sans voix que constituent tous les centrafricains qui se meurent en ce moment doucement et sûrement devant le regard d’une Communauté Internationale qui détourne les yeux vers d’autres centres d’intérêts plus lucratifs et moins risqués. 


Par cette voix qui vous parle au nom de tous ses frères et sœurs aussi bien dans cette salle que ceux qui, au pays, vivent tout ce que nous avons décrit plus haut, nous vous implorons Eminence Mr Le Cardinal, d’être notre émissaire auprès des plus hautes instances de notre Eglise afin que par des actions multiformes, elle puisse porter devant le monde entier les profondes douleurs de ce peuple qui fait aussi partie de cette humanité où nous ne faisons qu’un.


Il en est de même pour l’appui que nous sollicitons pour notre Eglise afin qu’elle poursuive sa vocation de « sel de la terre et de lumière du monde ».


C’est dans cette espérance que l’Eglise Catholique Centrafricaine souffrante mais militante sera triomphante demain.



Je vous remercie


Rome, le 02 Juillet 2013


 


Jeudi 4 Juillet 2013
Présenté par Mr Godefroy W. MOKAMANEDE, Membre de la délégat

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