Connectez-vous S'inscrire
AGENCE CENTRAFRIQUE DE PRESSE "AGENCE DE L'UNITE NATIONALE"- République Centrafricaine, Bangui
Inscription à la newsletter
acapnews@gmail.com
Plus d'informations sur cette page : http://https://www.acap.cf/
AGENCE CENTRAFRICAINE DE PRESSE
 
     

100 jours de Mme Catherine Samba Panza au pouvoir : « Des choses ont été faites, beaucoup reste à faire »

Bangui, 8 mai (ACAP) - Ayant accédé au pouvoir à la suite de la démission, le 10 janvier 2014, de Michel Djotodia Am Nondroko, Mme Catherine Samba Panza, qui a pris les commandes du pouvoir de la Transition le 26 janvier de la même année, a célébré le 6 avril 2014 ses cent jours au pourvoir de l’Etat. La célébration de ces cent jours a été dominée par un discours programme prononcé par Mme Catherine Samba Panza elle-même à l’Hémicycle du Conseil National de la Transition (CNT) et une conférence de presse qu’elle a animé dans la salle de conférence de Ledger Plazza à Bangui. Voici, in extenso, l’intégralité de ce discours bilan des cent jours au pouvoir, prononcé le 6 mai 2015 à Bangui.



Mesdames, Messieurs,
Comme la tradition l’exige dans les pays démocratiques, en franchissant le cap des cent jours après mon investiture à la tête de l’Etat le 23 janvier 2014, je me fais l’agréable devoir républicain de dresser le bilan à mi-parcours des actions que nous avons effectuées jusqu’ici, mon Gouvernement et moi. Cet exercice relève de l’engagement que j’ai pris, celui de rendre compte du mandat qui m’a été confié par le peuple, à travers le Parlement de Transition.  Il s’agit la d’un exercice sans précédent dans l’Histoire politique de la République centrafricaine.
 
Faut-il rappeler que mon avènement a la tète de l’Etat est intervenu dans un contexte de chaos, marqué par une insécurité généralisée, une situation humanitaire catastrophique, une absence totale de l’autorité de l’Etat, l’effondrement des activités économiques et commerciales, des affrontements inter- religieux,  des violations massives des droits de l’homme ainsi qu’une profonde fracture sociale ?
 
Comme repères, le chiffre ci-après permet de comprendre dans quelle situation était notre pays. Selon les données convenues avec les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) notre économie a connu une croissance négative de -37% en 2103. Cela confirme que l’année passée, un ouragan d’une violence extrême a soufflé sur notre pays, détruisant et emportant tout ce qui pouvait lui donner vitalité. Notre agriculture, notre élevage, nos secteurs minier et forestier se sont effondrés,  l’Etat a été liquéfié car l’armée, la gendarmerie, la police, la justice et l’administration civile ont été soufflées. Tous les services sociaux de base n’étaient plus en mesure d’offrir le minimum que nos concitoyens étaient en droit d’attendre. Nous étions en face des ruines de notre pays, des ruines de notre nation en dépit de la grande attention que la communauté internationale accordait déjà à notre pays et de sa présence remarquable sur notre territoire.
 
Face à la gravitée de la situation de la République Centrafricaine, j’ai accepté avec humilité et responsabilité citoyenne de conduire la transition que nous voulons tous apaisée et sereine afin de parvenir à des élections libres, justes et démocratiques.
Mon élection a suscité beaucoup d’espoir de la part de la communauté internationale mais surtout des populations meurtries qui n’aspire plus qu’à vivre en paix, dans la dignité et dans une nouvelle République centrafricaine refondée sur des nouvelles bases, en vue de sa renaissance et son épanouissement.
 
Cet espoir reposait en grande partie sur ma capacité à rassembler la population ainsi qu’à donner un nouvel impact au pays.
 
Dans mon discours d'investiture de grands engagements ont donc été pris devant la Nation. Il était en effet fondamental, selon ma vision : de rétablir la sécurité et l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ; d’arrêter la souffrance de nos paisibles concitoyens réfugiés dans divers endroits inappropriés et de permettre qu’ils regagnent leurs domiciles ; de rassembler et réconcilier les filles et les fils du pays ; de relancer les activités dans le secteur tant public que privé.
 
La sécurisation du pays, la restauration de l’administration, les réformes judiciaires, économiques et sociales ainsi que l’organisation des élections faisaient déjà partie de la feuille de route définie à Libreville. Comme vous le voyez, ces impératifs étaient toujours d’actualité lors de mon accession a la magistrature suprême.
 
Mon ambition était donc de poursuivre cette feuille de route tout en la recadrant.
Après trois mois d’exercice du pouvoir, qu’avons-nous réalisé ? Sommes-nous sur le bon chemin et dans la bonne direction ? Dans le cas contraire,  que devons- nous faire pour rester dans la droite ligne des objectifs que nous nous sommes fixés, mais surtout pour répondre aux nombreuses attentes, toutes légitimes, de la population Centrafricaine ?
 
Mes Chers compatriotes,
 
Depuis trois mois, beaucoup de choses ont été accomplies tant sur le plan interne qu'au niveau international. Des avancées objectivement positives ont permis de maintenir le pays hors du chaos.
 
Qu’est-ce qui a été concrètement fait  qui peut valablement être retenu à notre actif ?
 
Dès mon accession au pouvoir, la première tâche que j’ai accomplie a été d'entamer une large concertation avec toutes les forces vives de la Nation et tous les partenaires internationaux. A l'issue de ces consultations, j'ai procédé à la nomination du Premier ministre suivie de la mise en place du Gouvernement de Transition, conformément  aux critères que j’avais énoncés dans ma profession de foi, à savoir une équipe restreinte de technocrates intègres, le respect de l’équilibre régional et de la parité homme/femme.  
 
La mission assignée a ce gouvernement d’action étaient de:
 
-                      Réaliser très rapidement le désarmement, la démobilisation et la réinsertion de tous les groupes armés,
-      Mettre effectivement en application la réforme de notre système de sécurité (RSS) en vue de la construction d’une armée véritablement républicaine, capable d’assurer la sécurité et la défense de l’intégrité territoriale de notre pays.
-                      Redéployer les forces de défense et de sécurité sur l'ensemble du territoire national pour assurer le service de maintien de l'ordre, sujet de préoccupation majeure des populations,
-                      Organiser et sensibiliser les personnes déplacées pour un retour progressif à leurs domiciles,
-      Défendre la population civile sans défense contre la folie des groupes armés,
-                      Relancer la machine administrative et économique  grippée par le paiement en urgence des salaires, bourses et pensions, sans oublier les dettes intérieures de l’Etat dans une période très critique où les recettes fiscalo douanières sont inexistantes;
-                      Amorcer le dialogue avec les différentes communautés tant minoritaire que majoritaire et avec toutes les forces vives de la Nation
-                      Conduire un processus de réconciliation nationale,
-                      Reprendre des discussions avec les institutions internationales et les partenaires bilatéraux,
-                      Apporter une assistance multiforme aux victimes des exactions les plus graves par la relance des activités des services judiciaires,
-                       et fournir un appui sans faille a l’organisation des élections.
 
Mes Chers compatriotes,
 
Le gouvernement de transition ne pouvait pas parvenir à surmonter ces défis sans une double aide. Celle financière et technique des donateurs qui doivent accompagner cette nouvelle transition en fournissant un appui budgétaire d’urgence et en mettant leurs compétences à disposition. Celle politique et militaire de la CEEAC qui, avec l.’appui des Nations unies et de la France, doit assurer, dans le cadre du comité de suivi de l.’accord de Libreville, un suivi scrupuleux des engagements pris à N’Djamena.
 
C’est pourquoi, nous avons décidé de mettre un accent particulier sur la diplomatie.
 
Cette stratégie répondait à un double objectif à savoir : susciter, à travers un vaste plaidoyer, plus de solidarité et un engagement accru de la communauté internationale pour la résolution de la crise centrafricaine et mobiliser les partenaires au développement et amis de notre pays pour soutenir financièrement la Transition.
 
Je puis vous assurer, sans risque de me tromper, que notre cri de détresse a été entendu, car jamais la communauté internationale n’a été aussi mobilisée en faveur de notre pays. Notre action à l'international a porté ses fruits. La crise centrafricaine était une "crise oubliée. Mettre la Centrafrique au cœur des préoccupations internationales est un pari réussi.
Les déplacements à Bangui du Président Français François Hollande et du Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon témoignent de la très forte solidarité  des dirigeants du monde pour le succès de la transition.
 
Les avancées dans le domaine diplomatique nous ont valu les visites à Bangui du ministre français de la Défense M. Jean-Yves  Le Drian, de M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères et du Commerce,  de Madame Anne Richard, Secrétaire d’Etat américain Adjointe chargée de la population, des refugiés et déplacés internes,  de Madame Liz Kpam Alula, Directrice Adjointe du Bureau Régional  pour l‘Afrique du Haut Commissariat pour les  Réfugiés des Nations Unies, de Madame Navy Pillay, la Haut Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, les missions des Parlementaires de la CEMAC et des leaders religieux américains venus apporter au peuple centrafricain leur soutien moral et échanger leurs expériences en matière de résolution des conflits. De M. David Brown, le Secrétaire d’Etat américain chargé de la Centrafrique, de la représentante Spéciale des Etats- Unies à l’ONU, Samantha Power, preuve que les Etats-Unis sont déterminés à nous accompagner tout au long de cette Transition.
 
Toutes ces visites prouvent à suffisance combien notre pays est malade. Tous nos interlocuteurs étaient venus nous exprimer leur solidarité et le réconfort dont nous avons besoin pour mener à bien la mission qui nous a été confiée.
 
Toutes ces éminentes personnalités et leaders du monde ainsi que les hauts responsables des institutions internationales sont venus toucher du doigt les réalités de la crise que nous connaissons.
 
Cela leur a permis de peser de tout leur poids dans les grandes décisions prises au niveau des instances internationales telles que le vote du parlement Français en faveur de la prolongation de la mission Sangaris, le déploiement rapide de la force européenne EUFOR en RCA, l’adoption de la résolution 2149 autorisant une opération de maintien de la paix des Nations-Unies en Centrafrique (MINUSCA).
 
L’Allemagne a ainsi décidé de la reprise de sa coopération avec notre pays, coopération longtemps gelée, en apportant un appui de 40 millions de dollars US. Les Etats- Unis d’Amérique viennent quant a eux de prendre la décision de rouvrir leur ambassade a Bangui pour marquer leur présence sur le terrain et mieux accompagner la transition en cours jusqu’aux prochaines élections.
 
Que les uns et les autres trouvent ici, l’expression de notre profonde gratitude pour les nombreux et précieux conseils prodigués.
 
Sur le plan international, nous avons rendu visite à certains de nos paires de la sous région avec qui nous avons échangé sur la situation sécuritaire qui prévaut dans notre pays et qui, si l’on n’y prend garde, risque de gangréner toute la sous région.
 
Notre participation au dernier sommet Afrique/Union Européenne a permis des avancées notables dans l'engagement des partenaires internationaux à appuyer financièrement notre pays.
 
Les résultats de cette offensive diplomatique ne s’arrêtent pas là. Celle-ci a eu des répercussions positives dans la résolution des grands défis à relever notamment au plan sécuritaire et humanitaire.
 
Mes Chers compatriotes,
 
L’une des conditions de réussite de la transition est le rétablissement de la sécurité et le retour de la paix.
C’est ce à quoi je me suis attelée prioritairement. A cet effet, avec le renforcement et la prolongation de la mission Sangaris des forces françaises  aux côtés de la MISCA, il y a eu une  intensification des opérations de sécurisation de Bangui et ses environs, de certaines villes du pays comme Bossangoa, Berberati, Bambari, Bria, Ndélé, Kaga-Bandoro et  Boda, ainsi que certains points stratégiques comme l’axe Bangui-Béloko, pour le ravitaillement du pays et la facilitation de nos échanges avec l’extérieur.
 
Pour sa part, le gouvernement a créé et équipé, avec l’appui de nos partenaires au développement, principalement le BINUCA, des brigades d’intervention composés de nos forces de défense et de sécurité aptes pour appuyer les forces internationales. Toujours dans le cadre de la sécurité et pour lutter contre l’impunité et la violation des droits humains, nous avons amorce la réhabilitation de la chaine pénale a travers la réhabilitation de la prison centrale de Ngaragba. La création de la cellule spéciale d’enquête s’inscrit dans la logique du renforcement des capacités des juridictions à mener les investigations sur les crimes et délits qui ne devront pas demeurés impunis.
 
Grâce à tous ces efforts qui devraient être intensifiés dans les mois à venir,  l'accalmie revient là où des foyers de tensions étaient observés trois mois auparavant. A la faveur du retour progressif de la paix et de la sécurité, nos enfants reprennent peu à peu le chemin de l’école, les hôpitaux et centres de santé recommencent à nouveau à fonctionnent, les agents de l’Etat et les employés du secteur privé sont de retour à leur lieu de travail,  notamment à Bangui, le trafic sur l’axe Bangui- Douala et l'approvisionnement du pays en produits de première nécessité se normalisent, avec un impact positif sur les recettes de l'Etat qui sont encore loin d'atteindre un niveau satisfaisant. 
 
Bref, bien que beaucoup reste à faire, la vie reprend petit à petit et dans le bon sens au grand soulagement d’une bonne partie de la population.
 
Notre population, en toute légitimité, souhaite que les choses aillent plus vite. Nous comprenons cela. Mais il y a lieu de reconnaitre que les limites des capacités de notre Etat en cours de reconstitution, déterminent le rythme auquel  nous réalisons ces avancées en vue de la transformation de notre pays, jadis reconnu comme havre de paix, pour ne pas dire Suisse africaine. Il y a bien des signes d’espoir.
 
Mes Chers compatriotes,
 
En ce qui concerne la situation humanitaire qui figure aussi parmi nos priorités, il importe de rappeler qu’à notre arrivée aux affaires, l’on comptait près de 1,6 millions de personnes déplacées dont plusieurs milliers dans la capitale Bangui vivant sur 69 sites. Elles n’avaient accès ni aux soins ni à la nourriture et à l’eau potable. Devant cette situation catastrophique, nous n’avons pas baissé les bras.
 
Avec les Agences du système des Nations Unies et les Organisations  humanitaires internationales auxquelles nous tenons ici à rendre un vibrant hommage, nous avons œuvré pour le retour dans leurs domiciles respectifs, de plusieurs déplacés internes. Et notre objectif reste et demeure de voir tous ces déplacés libérer les sites qu’ils occupent aujourd’hui.
 
La mort il y a quelques jours  dans des conditions atroces de 16 civils centrafricains dont 3 employés de Médecins Sans Frontières, acteur majeur de la Santé dans notre pays, m’amène à condamner fermement cet acte particulièrement odieux et à présenter nos condoléances les plus émues aux familles des différentes victimes.
 
Dès notre première sortie à Brazzaville au  Congo, nous avons ramené des médicaments d’une valeur de 50 millions de FCFA offerts par l’ordre des médecins et pharmaciens de ce pays frère. Toujours dans le même ordre,  les premières Dames de la Guinée Equatoriale et du Nigeria ainsi que le groupe GRAS SAVOYE ont acheminé d’importants dons de diverses natures. De son côté, le gouvernement a aussi procédé à la distribution de plusieurs lots de vivres et médicaments dans les camps de Bossangoa et certains arrondissements de Bangui. Très préoccupée par l’arrivée prochaine de la saison des pluies, j’ai récemment rencontré les représentants des déplacés de l’aéroport Bangui M’Poko pour les exhorter à regagner leurs domiciles. Conformément à leurs attentes que j’ai recueillies, je vais continuer a me battre en vue de leur retour dans leurs lieux de résidence habituelle.
 
Mes Chers compatriotes,
 
Mes premiers déplacements à l’étranger ont permis de mobiliser les ressources financières qui faisaient cruellement défaut à l’Etat. Près de 27,5 milliards de FCA dont 10 milliards d’emprunt non encore décaissés et avec lesquels nous avons pu payer à ce jour, trois (3) mois de salaires aux fonctionnaires et agents de l’Etat, un (1) trimestre de pensions aux retraités et trois (3) mois de bourses aux étudiants. Une partie de ces fonds a servi à l’acquisition  de véhicules et matériels informatiques qui ont été affectés à certains services de l’Etat, en vue de renforcer leurs capacités opérationnelles.
 
Sur le front de la relance économique, la relance de la consommation a été une première étape. Le démarrage des travaux utilisant abondamment de la main d’œuvre dénommés THIMO qui va progressivement s’intensifier dans les jours qui vont suivre, permettra d’offrir aux PME dont les outils de production ont été saccagés des opportunités reprendre les affaires. A la faveur de la pacification du pays obsession permanente de mon Gouvernement et de moi-même, d’autres chantiers pourront s’ouvrir pour offrir à un plus grand nombre de PME les chances d’accéder aux marchés publics retardés par l’œuvre des ennemis de notre nation.
 
Face à la destruction massive des infrastructures de base (routes, écoles, hôpitaux, administrations centrales et décentralisées), le choix délibéré pour le paiement des salaires, pensions et bourses  s’est pleinement justifié par la nécessité d'éviter une plus grande paupérisation de la population, et à la préservation de la paix sociale pour qu’une crise sociale ne s’ajoute pas à la crise sécuritaire et compromette davantage la relance des activités  économiques.
 
Avec les paiements que nous avons réalisés, les mamans ont pu donner du contenu aux assiettes et casseroles pour le bonheur de nombreuses familles, sans compter les joies sur les divers marchés qui ont repris de l’animation.
 
L’opération d’identification des fonctionnaires et agents de l’Etat initiée, vise à connaître la masse salariale réelle pour mettre en confiance les partenaires qui doivent accompagner notre pays dans son développement. Mais aussi, d’élaguer le fichier du personnel truffé de nombreux fonctionnaires fictifs.
 
Dans le cadre du dialogue et de la réconciliation nationale qui est le socle de la reconstruction du pays, nous avons amorcé la concertation avec toutes les Forces vives de la Nation : partis politiques, groupes armés, société civile, syndicats, confessions religieuses, associations des femmes et des jeunes afin d’échanger et accorder nos points de vue sur les pistes de solutions  concernant les grands défis auxquels fait face notre pays. Cette démarche participe de notre volonté d’associer tout le monde à la gestion de la transition comme la composition du Gouvernement et des cabinets de la Présidence et de la Primature en ont donné une illustration éloquente.
 
Pour ce qui est de la réconciliation nationale à proprement dite, l’impression est qu’elle tarde à se mettre en place alors qu’elle est déjà enclenchée à travers plusieurs initiatives visant à favoriser le vivre-ensemble, la cohabitation interreligieuse, intercommunautaire et surtout à l’apaisement des cœurs et des esprits sans lequel aucun dialogue constructif ne peut se mettre en place. Avec l’appui du Centre pour le Dialogue Humanitaire et du Système des Nations Unies, une stratégie de la réconciliation nationale est déjà élaborée. Cela attend d’être validée par toutes les parties prenantes avant sa mise en œuvre effective.
 
Mais comme je l’ai toujours dit et répété, la réconciliation nationale passera aussi par la lutte contre l’impunité où les bourreaux devraient répondre de leurs actes tandis que les victimes devraient avoir une réparation. J’y tiens particulièrement pour que nous ne retombions pas dans les erreurs du passé où après la grande messe de réconciliation tout le monde s’embrassait mais avec le couteau  cache au dos pour reprendre les hostilités immédiatement après.
 
Consciente de la faiblesse de notre économie dont tout le tissu a été détruit, j’ai fait de la reprise de la coopération avec les institutions financières internationales mon objectif principal. A cet effet, le gouvernement vient de terminer les négociations avec les services du Fond Monétaire International (FMI) pour la conclusion d’un programme au titre de facilité de crédit rapide d’un montant de 10 milliards de FCFA. Le dossier sera examine par le Conseil d’Administration de cette institution le 14 mai prochain.
 
La conclusion de ce programme ouvrira la voie à notre pays de bénéficier d’importants concours financiers de la part des autres partenaires au développement  dont 30 millions d’euros de l’Union Européenne et 20 millions de dollars de la Banque Africaine de Développement (BAD). Des accords ont été déjà signés avec la France pour un appui budgétaire globale de 4 milliards de FCFA et la Banque Mondiale, pour un montant de 100 millions de dollars US dont 20 millions en faveur de l’agriculture.
 
Sur le plan institutionnel, l’organisation des élections crédibles est une étape décisive vers le nouveau tournant pour notre pays. D’ores et déjà, des avancées fussent-elles minimes, peuvent être relevées. La mise à disposition de l’Autorité Nationales des Elections (A.N.E.) d’un local par le gouvernement et la mise à disposition de façon progressive des moyens permettant à cette institution d’être opérationnel est un signal fort que nous donnons concernant notre volonté de soutenir le processus électoral. Nous nous y engageons car nous croyons aux élections comme seule voie par laquelle, notre peuple doit se donner les dirigeants auxquels il aura à confier son destin dès la fin de la transition.
 
Le Bureau de la Coordination de l’Autorité Nationale des élections a été mis en place.
 
Pour sa part, le Conseil National de Transition a commencé à travailler sur une nouvelle constitution.
 
Par ailleurs, tout est mis en œuvre pour l’instauration du Haut Conseil de la Communication de Transition, qui gérera le paysage médiatique lors des prochaines élections.
 
Mes Chers compatriotes,
 
Trois mois d’exercice de pouvoir peuvent paraître suffisants pour porter un jugement sur l’action gouvernementale mais pas assez pour la mise en œuvre de tout ce qui est prévu dans la feuille de route de la Transition et notamment pour relever les grands défis auxquels le pays est confronté. Il reste qu’il faut toujours faire une évaluation à mi-parcours, ne fusse que pour s’assurer de la justesse des orientations prises.
 
Des critiques légitimes nous ont parfois été adressées sur nos actions durant ces trois premiers mois de gestion de la transition.
 
Les premières critiques ont été formulées à  la suite de la nomination des 20 personnalités civiles et militaires du gouvernement et des 25 membres du Cabinet Présidentiel : la majorité de ces membres sont issus de la même région (Est) que celle de la Présidente et du Premier Ministre. Certains analystes doutent sur la capacité réelle de ces personnalités à redresser les défis.
 
Les antibalakas sont peu ou pas représentés au sein du gouvernement.
 
La deuxième critique a porté sur un déficit de communication sur la vision et les actions des autorités de la transition.
 
La situation sécuritaire à Bangui s’est améliorée mais elle demeure préoccupante: la prolifération des armes fait craindre une montée en puissance de l’insécurité et de la criminalité dans le pays.
 
Face aux pillages, aux crimes environnementaux, au racket et aux intimidations, la colère et la haine montent au sein d’une très grande majorité de la population.
 
D'autre reproches sont relatifs au risque de partition ou de fédération du pays, la non implication des forces de défense et de sécurité centrafricaine au processus du rétablissement de la sécurité, le sentiment d’impunité, les violences entre communautés, en particulier chrétiens et musulmans qui continuent de faire plusieurs victimes.
 
La question des déplacés tant à Bangui qu’en province est souvent évoquée comme un échec de la transition.
 
Sur le plan économique, la non reprise réelle des activités agricoles, minières  et forestières est de nature a compromettre la relance économique. La question du commerce illicite du diamant et d’ivoire revient souvent.
 
Sur le plan social, l’extrême pauvreté et misère qui caractérisent la RCA sont une préoccupation pour l'ensemble de la population.
 
Les critiques ont porté principalement sur le fait de ne commencer qu’à payer à partir de Février 2014 date à laquelle le régime actuel est entré en fonction (Afin que l’équipe actuelle perçoive ses salaires sans subir des retards en commençant à payer les salaires en retard du régime défunt SELEKA.
 
Sur le plan politique, des voix s'élèvent pour demander l'organisation urgente d'un Dialogue Politique
 
Mes chers compatriotes,
 
Sur l'ensemble de ces critiques, des réponses seront apportées.
 
Il est tout à la fois urgent et impératif de procéder à une refonte du Cabinet de la Présidence de la République, afin de se donner les moyens d’améliorer la gestion des affaires de l’Etat.
 
Le gouvernement sera réaménagé pour être plus inclusif et plus représentatif et devra comprendre des hommes et des femmes capables de relever par des actions concrètes les grands défis de l'heure.
 
Au regard de ce qui précède, il apparaît que la sortie de notre pays de la crise appelle de la part de tous une forte mobilisation autour des quatre  piliers de la feuille de route du gouvernement que sont la restauration de la paix et de sécurité, la réconciliation des centrafricains avec eux- mêmes et l’achèvement du processus de transition par l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques.
 
C’est à cette fin que je privilégie la concertation avec les Forces Vives de la Nation mais également la cohésion au sein des instances dirigeantes de la Transition.
 
Plus qu’auparavant, j’ai essayé de faire en sorte que la Présidence de la République, le Conseil National de Transition et la Primature travaillent en symbiose dans l’intérêt supérieur de la réussite de cette Transition.  Je me réjouis pour ma part de la qualité de la collaboration qui existe entre le Président du CNT, le Premier Ministre et moi-même. A ce jour, il n' y a pas l'ombre d'une quelconque friction ou malentendu à la tète de l'Exécutif.
 
Le monde entier se mobilise pour nous soutenir et les centrafricains n'aspirent qu'à la paix pour commencer à gouter au bonheur d'un développement durable. C'est à ce titre que je tiens à condamner ici, avec force, les actes insensés de ceux qui refusent d'œuvrer pour la paix dans notre pays en massacrant la population civile et en s'attaquant aux humanitaires venus nous aider, comme à Boguila et dans plusieurs localités. D'autres encore ne rêvent que de diviser notre pays et d'entretenir durablement les semences de la haine au sein de la population. Le gouvernement et moi-même, continuerons à prôner le dialogue pour rassembler les centrafricains autour d'une table pour qu'enfin on s'entende pour reconstruire notre nation, un trésor que nous avons reçu en héritage de Barthélémy BOGANDA et que nous devons préserver.
 
Nous continuerons sans relâche à dialoguer avec les forces internationales pour que la population soit mieux sécurisée dans sa région, dans son cadre de vie, particulièrement les groupes à risques ;
 
Enfin, sans l’appui multiforme et l’accompagnement de la communauté internationale, il aurait été difficile pour ne pas dire impossible d’aboutir aux résultats exposés ci-dessus.  C’est le lieu de remercier très sincèrement tous les pays frères de la CEMAC et de la CEEAC qui ont été les premiers à voler au secours du Peuple Centrafricain en détresse. Il en est de même de la plateforme religieuse, des ONG nationales et internationales. Ces remerciements vont également à l’endroit de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des Nations Unies et particulièrement de la France pour le soutien qu’ils ont apporté à notre pays en ces moments difficiles de son Histoire.
 
Pour finir, je voudrais exprimer ma profonde gratitude à toutes les personnalités qui se sont personnellement impliquées dans la résolution de la crise Centrafricaine,  notamment leurs Excellences :
-                      Idriss DEBY ITNO, Président en exercice de la CEEAC,
-                      Ali BONGO ONDIMBA, Président en exercice de la CEMAC
-                      Denis SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo, Médiateur dans la crise Centrafricaine
-                      François HOLLANDE, Président de la République Française
-                      José Manuel BAROSO, Président de la Commission de l’Union Européenne
-                      Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies
 
Avant de terminer, je voudrais lancer un message de paix à tous les centrafricains.
 
Mes chers compatriotes,
 
Je voudrais vous dire que cette transition est le résultat d'un long processus auquel nous avons tous pris part. C'est le fruit d'un compromis national, sous-régional et international. Nous devons continuer à œuvrer pour le rassemblement et nous devons également démontrer à la communauté internationale qui nous soutient que notre volonté et notre engagement à nous investir dans la consolidation est inébranlable.
 
Il revient d’abord à nous centrafricaines, centrafricains de sauver notre pays du danger, de le reconstruire et nous devons nous approprier son destin.
 
La leçon qu’on peut d’ores et déjà tirer de  l’expérience des trois (3) premiers mois, c’est que le travail est difficile mais pas impossible, qu’il est éprouvant mais exaltant. J’avoue que je ne me suis pas trompée en me mettant au service de mon pays en détresse. Plus qu’auparavant je ne baisserai pas les bras et je ne reculerai devant aucun  mur.
 
Enfin, je voudrais que nous ayons tous une pensée profonde pour toutes les victimes de cette crise et que nous nous engagions à apporter au niveau individuel, familial et social et professionnel, notre contribution personnelle à la consolidation de la paix sociale dans notre pays. C'est ensemble que nous réussirons.
 
Vive la Centrafrique une et indivisible,
 
Vive la Centrafrique laïque, multiconfessionnelle, multiethnique et multiculturelle,
 
Vive le peuple centrafricain uni par sa langue le sango, par les fleuves Oubangui et Chari, par son drapeau, par sa devise, par ses forêts et ses savanes, par ses mosquées et ses églises et unie à jamais par l'histoire.
 
Je vous remercie pour votre aimable attention.

Jeudi 8 Mai 2014
Alain-Patrick MAMADOU / ACAP

POLITIQUE | ECONOMIE | SOCIAL | CULTURE | SPORTS | ENVIRONNEMENT | EDUCATION | DEVELOPPEMENT | SOCIETE | RELIGION | INTERNATIONAL | AFRIQUE | HUMEUR | GRANDE INTERVIEW | HUMANITAIRE | DROITS DE L'HOMME | MEDIAS | SECURITE | JUSTICE | SANTE | Videos



Les nouvelles officielles sur la République Centrafricaine

Partagez-nous sur
Facebook
Newsletter
Viadeo
Mobile
Flickr