Ras-le-bol de Simon-Pierre Ekondo Mindou contre les discriminations à l’endroit des descendants des peuples autochtones

Bangui, 13 Août (ACAP) - Profitant des manifestations de la Journée Internationale des peuples autochtones, célébrée cette année à Zoméa, une bourgade située dans la Commune de Baléloko dans la Préfecture de la Lobaye, la rédaction de l’Agence Centrafrique Presse (ACAP) a rencontré un jeune étudiant nommé Simon-Pierre Ekondo Mindou, d’origine pygmée. Celui-ci n’a pas manqué d’exprimer son ras-le-bol face à la discrimination dont lui et ses pairs font l’objet, vendredi 9 août 2013.



Agence Centrafrique Presse (ACAP) : Monsieur Simon-Pierre Ekondo Mindou, vous êtes issu de la communauté Ba Akâ. A la différence des autres membres de la communauté à laquelle vous appartenez, vous poursuivez vos études à l’Université de Bangui, au département d’Anthropologie. Grosso-modo, qu’en est-il de vos droits ?
Simon-Pierre Ekondo Mindou : La République Centrafricaine est le premier Etat africain et le 22ème au monde à ratifier en août 2010 la Convention n°169 (C169) de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) du 27 juin 1989 relative aux droits des peuples autochtones et tribaux.
Fort de cet acte politique, les autorités devraient tout mettre en œuvre pour aider les peuples autochtones à bénéficier de leurs droits à la vie, à la terre, aux ressources, à la santé, à l’éducation, à la Justice, à l’accès à l’emploi, à la participation aux instances de prise de décisions, etc.
Or, il s’avère que, en dépit des bonnes intentions et volontés des dirigeants politiques, depuis toujours, les droits des peuples autochtones et tribaux tels que les Ba Akâ et les M’Bororo, sont bafoués.
De quelle manière ?
Je m’appuie sur quelques exemples. Sur le plan juridique, les droits des peuples autochtones Akâ sont occultés dans les instances de prise de décision.
Sur le plan de la santé, très peu de structures sont implantées proches des peuples autochtones. Les membres de ces communautés sont la risée d’une partie du personnel de santé et des autres citoyens.
Sur le plan scolaire, tout comme pour les hôpitaux, il y a très peu d’écoles pour les enfants des peuples autochtones tels que les Ba Akâ. Et pourtant, c’est dans ces établissements que les enfants pygmées et peulhs pourraient bénéficier des enseignements concernant leurs droits. C’est dire que si les enfants pygmées ou peuhls sont perpétuellement illettrés, ils demeureront toujours dans l’ignorance.
Enfin, en dépit de ces obstacles, les enfants pygmées et peulhs qui font des progrès sur le plan scolaire ne sont pas accompagnés. Je suis l’une des victimes de ces dispositions. Depuis que je suis à l’Université de Bangui, je ne bénéficie pas d’une bourse d’étude. Et cela est dommageable.
Les habitudes nomades de ces peuples expliquent bien ce que vous déplorez !
C’est un faux problème. Notre pays, après la ratification de la Convention 169, devrait élaborer des mécanismes d’intégration et d’insertion des peuples autochtones, dont on accuse certains à tord de nomades en vue de leur épanouissement.
L’essentiel par ailleurs n’est pas de décider à la place des membres de ces communautés. Il faut les écouter pour appréhender la quintessence de leurs besoins afin de les accompagner raisonnablement.
Quel est votre dernier vœu ?
Quelques jeunes Ba Akâ et peulhs ont certes la volonté de poursuivre leurs études. Mais si jusqu’à l’Université, ils n’ont pas de bourse ou de soutien, il ne fait de doute qu’ils pourraient être désaxés. C’est ce qui est à la base pour certains d’être tentés de regagner leurs parents. Alors, il y a donc lieu de les accompagner afin de les maintenir dans le cursus scolaire.
Monsieur Simon-Pierre Ekondo Mindou, je vous remercie.
NDLR :
La Journée internationale des peuples autochtones, célébrée désormais le 9 août de chaque année, a été instituée par la quarante neuvième session de l’Organisation des Nations Unies du 23 décembre 1994.
Elle a pour objectif de focaliser les attentions sur les nombreux peuples autochtones du monde victimes de discrimination, de violation de leurs droits et d’autres formes d’injustice en raison de la spécificité de leur mode de vie.
En République Centrafricaine, les autochtones Ba’Aka et M’Bororo n’échappent pas à la règle. La spoliation des terres ne favorisent pas leurs activités agricoles et minières. D’où leur dénuement et vulnérabilité.
La République Centrafricaine est partie prenante à la Convention n°169 (C169) de l’OIT sur les droits des peuples autochtones et tribaux.

Mardi 13 Aout 2013
Alain-Patrick MAMADOU / ACAP
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