Guinée : Les violences font au moins 23 morts



Au moins 23 manifestants ont été tués par balles, selon un bilan donné de source hospitalière et syndicale. Il y aurait également une centaine de blessés. C’est la journée la plus meurtrière, depuis le début de la grève générale, le 10 janvier. 33 personnes ont été tuées depuis le début des ces protestations. Des milliers de manifestants sont descendus lundi dans les rues de la capitale, Conakry. Des échauffourées ont éclaté dans certains quartiers de la capitale et de la banlieue, entre manifestants et forces de l'ordre. Le mouvement dénonçait, à l’origine, la corruption et l’ingérence dans les affaires judiciaires du président Lansana Conté. Le discours s'est radicalisé et les manifestants réclament maintenant le départ du chef de l’Etat. Les chefs des deux centrales syndicales à l’origine du mouvement de grève ont été arrêtés.

Selon des responsables de l’hôpital Donka, un des plus grands de la capitale, 18 personnes ont été tuées et au moins 30 blessées par balles dans plusieurs quartiers de la banlieue, notamment a Hamdalaye, Lambany, Enco et Matam. La police anti-émeute a bouclé lundi le centre de Conakry alors que des fusillades ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale. Des soldats d’élite, dont des éléments de la garde présidentielle portant des bérets rouges, ont tiré en l’air pour disperser la foule qui tentait de gagner le centre-ville. L’armée a investi la Bourse du travail à Conakry, lieu de rassemblement des dirigeants syndicaux. Au moins vingt personnes ont été interpellées.
Dans la soirée, plusieurs dirigeants syndicaux ont été arrêtés par des membres de la garde présidentielle, dont Rabiatou Sérah Diallo, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et Ibrahima Fofana, secrétaire-général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), qui sont à l’origine du mouvement de grève générale illimitée. Ils ont été conduits vers un «destination inconnue», selon un syndicaliste qui a assisté à l’interpellation.
En marge d’une manifestation à Conakry, l’envoyé spécial de RFI, Cyril Bensimon, a été légèrement blessé, victime d’un jet de pierre contre la voiture dans laquelle il se trouvait en compagnie d’autres journalistes.
Des incidents se sont également produits en province. Plusieurs manifestants ont été tués par les forces de l’ordre dans la région de Kankan, chef lieu de la Haute-Guinée, selon des sources syndicales.
La société civile et les syndicats n'entendent pas relâcher la pression vis-à-vis du pouvoir. Le gouvernement a fait des propositions sur le prix des carburants et du riz, ce qui est insuffisant selon les syndicats qui réclament toujours le départ du chef de l'Etat, Lansana Conté, pour raisons de santé et de mauvaise gouvernance. Les syndicats, appuyés par les partis de l’opposition, exigent également la nomination d'un nouveau gouvernement et d’un Premier ministre de consensus.

Le dialogue avec des représentants du gouvernement devait reprendre au Palais du peuple, mais ces négociations ont du être ajournées en raison du climat de violence. En début de soirée, le calme régnait dans le centre de la capitale, où des policiers et des militaires continuaient à patrouiller. Les leaders syndicaux ont été reçus dimanche par la première dame du pays qui a appelé à la fin des manifestations pour éviter de nouveaux morts.


Mardi 23 Janvier 2007
AFP/ACAP
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