Controverses autour de la perception du mandat de la MINUSCA en République Centrafricaine

Bangui 5 juin (ACAP) - André-Simplice Guiamaho, un observateur de la vie politique en République Centrafricaine, a estimé, au cours d’une interview, vendredi 2 juin 2017, à Bangui, que le mandat de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA) n’est pas perçue de la même manière par tout le monde.



Les étendards des Nations Unies et de la République Centrafricaine flottant ensemble
Le but de cette interview est de comprendre les attitudes et opinions des populations quant à la perception de la mission que mènent les Nations Unies en République Centrafricaine à travers la MINUSCA.
 
Au sujet des mauvaises opinions, André-Simplice Guiamaho a relevé que certains citoyens croient que le climat d’insécurité actuellement en République Centrafricaine est du ressort de la MINUSCA. L’objectif de ce comportement serait d’étirer le mandat de la mission et permettre à ses agents de s’enrichir.
 
Il a illustré ces propos par les allégations qui font état de ce que des éléments de la MINUSCA distribueraient des armes la nuit aux ennemis de la paix.
 
Ailleurs, d’autres citoyens penseraient que la MINUSCA n’est pas robuste quant à la mise en œuvre de son mandat. C’est pourquoi, d’après Guiamaho, dans certaines contrées, des groupes armés continuent d’entretenir des carnages au sein de la population.
 
Toujours dans le même ordre d’idée, notre interlocuteur a évoqué des considérations selon lesquelles de nombreux Centrafricains s’attendraient à ce que la MINUSCA fasse tout à leur place et à la place de l’Etat. Il a cité en exemple les activités de salubrité auxquelles s’attèlent des contingents de la MINUSCA, une initiative qui manque aux nationaux.
 
Sur ce point exclusivement, l’Evêque de Berbérati, Mgr Dennis Kofi Agbenyadzi, a suggéré aux Centrafricains de prendre leur responsabilité et d’être au devant des initiatives qui influent directement sur leur vie car « la MINUSCA à elle seule ne peut pas tout endosser ».
 
Dans le souci d’aider la presse nationale à mieux s’imprégner des réalisations de la MINUSCA en République Centrafricaine, l'organisation a favorisé, à l’occasion de la journée des casques bleus célébrée le 29 mai de chaque année, des reportages allant du 22 mai au 2 juin 2017.
 
Pour cette année, le thème choisi est : « Investir dans la paix à travers le monde ».
 
La raison de cette journée ainsi que des manifestations qui l’ont jalonnée est de rendre un hommage au personnel militaire, policier et civil, femmes et hommes, qui ont servi et continuent de servir dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU et d’honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie, par suite d'actes de violence, d'accidents et de maladies.
 
Les opérations de maintien de la paix de l'ONU ont pour but principal d’aider les pays déchirés par des conflits à créer les conditions d'un retour à une paix durable.
 
Dans le cas spécifique de la République Centrafricaine, c’est la deuxième fois que les Nations Unies déploient des troupes sur le territoire.
 
A la suite des mutineries au sein de l'armée en 1996, 1997 et 1998, les Nations Unies étaient intervenues après la Mission Africaine de Surveillance des Accords de Bangui (MISAB). Cette mission africaine avait passé le relais à la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine (MINURCA), créée suite à la résolution 1159 du 27 mars 1998 du Conseil de sécurité.
 
Le mandat de la MINURCA avait pris fin en février 2000, permettant ainsi au Bureau de l’Organisation des Nations Unies en Centrafrique (BONUCA) de prendre la relève.
 
La MINUSCA, décidée le 10 avril 2014, est la seconde occasion de l’intervention des casques bleus en République Centrafricaine. Son mandat consiste à assurer la protection des civils, du personnel et des biens des Nations Unies, promouvoir les droits de l'homme, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, accompagner le processus de la réconciliation et de la stabilisation, la réforme du secteur de la sécurité, le Désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement et le renforcement de l'état de droit ainsi que la lutte contre l'impunité.

Lundi 5 Juin 2017
Alain-Patrick MAMADOU / ACAP
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