Centrafrique : Les rencontres théâtrales de Bangui : Les genres dramatique et humoristique à l'honneur

Bangui, 7 nov. (ACAP) - Parler du théâtre centrafricain nous amène à réfléchir sur deux genres qui sont utilisés par la plupart des artistes centrafricains, notamment du classique et de l'humoristique. Avant d’aborder le vif du sujet. Il est important de parler du contexte culturel qui s’impose.



En effet, les différentes crises socioéconomiques, et politico-militaires qui ont secoué le monde depuis la première guerre mondiale jusqu’à nos jours, n’ont pas épargné les us et coutumes des différents peuples du monde ; sans ignorer que le domaine artistique n’a pas échappé à ces malaises. Ceux-ci ont changé sensiblement les manières de voir, de juger, d’apprécier et de gérer les réalités sociales et les comportements des hommes.

En République centrafricaine, le grand événement mondial de la chute du mur de Berlin qui a engendré l’avènement du phénomène de la démocratie en Afrique au début des années 90, a également entraîné le peuple centrafricain dans une logique de mouvements de contestation et de revendication, sous la bannière du multipartisme et du syndicalisme, qui a finalement inauguré l’ère des crises politico-militaires à répétition.

Ces différentes crises centrafricano-centrafricaines, ont mis à nue et détruit la quasi-totalité des structures culturelles centrafricaines. Même l’industrie culturelle qui a pris un envol prometteur a disparu comme de la fumée sans autre forme de procès.

Ainsi, tout comme leurs pairs des autres domaines artistiques et culturels, les comédiens centrafricains se retrouvent comme des parents pauvres des moyens nécessaires leur permettant de pouvoir apporter leur contribution effective en matière de sensibilisation et de conscientisation, pouvant amoindrir les chocs et les douleurs causés par ces crises fratricides sur les conditions de vie des populations, dans l’espoir d'un retour définitif et durable de la paix et de la réconciliation nationale.

Il ne fait aucun doute, l’homme ne peut vivre éternellement avec les plaies qui lui sont causées par les aléas de la vie en société. Il lui faut des moments de pansement et des possibilités d’espérer à un avenir meilleur.

En d’autres termes, oublier plus ou moins les peines subies, et l’art en est l’un des meilleurs remèdes ou solutions. C’est ici le lieu de découvrir l’importance et la valeur du « théâtre du drame ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, au regard de tous les conflits vécus par les populations centrafricaines, cette solution semble être adoptée.

Ainsi donc, les comédiens centrafricains et plus particulièrement les humoristes ont été pour la plupart sollicités par les organisations non gouvernementales (ONG) et associations pour des sensibilisations auprès des populations défavorisées et vulnérables, sur la paix, la réconciliation et les différentes formes de violence pratiquées à l’égard des femmes et des enfants.

Cependant, cette forte demande remarquée depuis les débuts de l’année 2000 à nos jours, connaît des insufisances, à savoir le manque de recherches, d’esthétiques, la mise en scène des pièces et la problématique de la lecture des textes ainsi que de sa présentation au public.

Sans aucun doute, les situations conflictuelles, les querelles, les disputes et autres formes de dysfonctionnement social, ne peuvent connaître du jour au lendemain un échange interpersonnel au profit d’une décrispation ; il faut une bonne manière ou une bonne méthode d’en parler afin d’en minimiser l’ampleur. Et c’est le rôle dévolu à l’artiste humoristique.

Il convient de préciser que les Rencontres Théâtrales de Bangui, édition 2009, se focalisent sur les pièces humoristiques et classiques qui mettent en exergue des thèmes sociaux, comme la corruption, la polyandrie, la paix et la réconciliation, l’homme enceinte, chose jamais vue, la misère, le sida, la mauvaise gestion du pouvoir concentré entre les mains d’une seule personne et bien d’autres faits qui minent la société centrafricaine.

Samedi 7 Novembre 2009
Nina Gbagbo/ACAP