A bâtons rompus avec les premières lectrices de Bangui autour du livre d’Yvonne : Femmes de Centrafrique « Âmes vaillantes au cœur brisé »

Dina, Albertine et Yvonne, anciennes élèves du lycée Pie XII, ainsi qu’Augustine et Léa, anciennes élèves du lycée Caron rencontrent au domicile d’Albertine MBISSA, chargée de mission au ministère de la communication, ancienne ministre des Affaires sociales .
- Léa DOUMTA.K., ancienne ministre des affaires sociales, ;
- Augustine YASSIOLO, ancienne chef de Cabinet au ministère des Affaires sociales
- et de Dr. Dina DOUMTA du ministère de la santé.

Avant de donner leurs impressions, elles ont rappelé les événements de 1996-97 quand, en pleine mutinerie, les hommes s’étaient déguisés en femmes pour échapper au danger : a koli a kpé, a wali a gba (les hommes doivent fuir et les femmes rester).



A bâtons rompus avec les premières lectrices de Bangui autour du livre d’Yvonne : Femmes de Centrafrique  « Âmes vaillantes au cœur brisé »

Augustine YASSIOLO

« En lisant ce livre, j’ai ressenti de la fierté. Je me suis dit : Voici au moins l’une d’entre nous, les Centrafricaines, qui a percé ! … Nous nous retrouvons pleinement dans le livre ; il nous rappelle notre enfance et la vie quotidienne que nous menions. Le passage sur les groupes de prière charismatique m’a beaucoup fait rire car c’est exactement ce qui se passe.

Nous étions entrés en politique avec l’espoir d’améliorer la vie de la population. Or nous avons constaté que pour pouvoir mettre en pratique nos idées, et être réellement utiles aux autres femmes, il nous fallait une certaine indépendance financière, que nous n’avions pas.

Je pense que de nos jours, nous les femmes centrafricaines, sommes trop divisées pour pouvoir nous organiser réellement et devenir une véritable force de construction… »

A bâtons rompus avec les premières lectrices de Bangui autour du livre d’Yvonne : Femmes de Centrafrique  « Âmes vaillantes au cœur brisé »

Léa DOUMTA KOYASSOUM

« Depuis 1990, je n’ai jamais cessé de me battre pour les droits et les libertés des femmes. Ce livre est arrivé à point nommé pour confirmer tout le sens de mon combat. C’est une présentation véridique et réussie du combat d’une femme de son enfance à l’âge adulte. Nous encourageons Yvonne à continuer de témoigner des réalités du quotidien de la femme centrafricaine. Surtout, qu’elle ne se sente pas seule, car nous sommes toutes derrière elle. Nous en appelons à toutes les Centrafricaines de naissance, de cœur et d’adoption pour nous unir et devenir ainsi plus fortes, afin de tendre la main à nos sœurs en difficulté ».

A bâtons rompus avec les premières lectrices de Bangui autour du livre d’Yvonne : Femmes de Centrafrique  « Âmes vaillantes au cœur brisé »

Albertine AGOUNDOUKOUA MBISSA

« En tant que fille banda, le livre m’a rappelé cruellement certains événements de mon enfance, surtout l’excision. Dans le temps, si une fille banda n’étais pas excisée, elle subissait les railleries des fillettes de ton âge. Mon père ne voulait pas que je sois excisée. Aussi, prise de désespoir, je décidai un jour d’aller payer moi-même le prix de l’excision avec un petit canari (marmite en terre cuite) que j’avais emprunté à ma tante. Finalement, j’ai échappé à l’excision de justesse car ma tante est arrivée à temps pour me soustraire à l’opération… »

« Par contre, le rite consistant à descendre du feu une marmite brûlante avec les deux mains m’a été infligé par ma cousine qui m’hébergeait quand j’étais petite.

Je pense pour ma part que nous, les femmes de Centrafrique, sommes fortes mais que nous ne disposons pas suffisamment d’autonomie financière pour mettre en pratique nos idées politiques ».

A bâtons rompus avec les premières lectrices de Bangui autour du livre d’Yvonne : Femmes de Centrafrique  « Âmes vaillantes au cœur brisé »

Dina DOUMTA

« En lisant ce livre, j’ai réalisé à quel point était vrai le passage sur les femmes qui sont nées pour reprendre le rôle de leurs belles-mères et continuer à élever leurs maris ».
Dina a fait partie des manifestants de 1979 et avait échappé aux rafles de justesse.

« Par contre, Yvonne, tu t’es trompée sur le nom de l’avenue empruntée par le cortège de la manifestation du mois de janvier 1979 : c’est l’avenue B. BOGANDA et non D. DACKO. J’avais réussi à échapper à la rafle, car je devais récupérer mes enfants (à ce moment là, j’avais déjà deux enfants) et les mettre à l’abri ».

Dina et Yvonne échangèrent un bout de temps sur les évènements de 1979.

Nous fûmes ensuite rejoints par Prospert YAKA MAÏDE, notre ami journaliste. Il sortait d’une réunion, était un peu en retard. Les échanges se poursuivirent autour d’un pot d’amitié partagé et de plats de coco et de méchoui.

Femmes à suivre !!!

Mardi 31 Mars 2009
Léon SCHAAL